Le président de la CONVENTION prend part au débat sur la loi de finances pour 2014 . Il est interrogé par la rédaction de LA NATION
La rédaction : Dans une semaine les autorités françaises vont adopter en conseil des ministres leur projet de loi des finances pour 2014, quel est votre sentiment général sur ce moment important de la vie politique ?
Jean paul Eluther : Je suis très inquiet par ce projet de loi des finances . Ce que nous entendons pendant cette phase finale et donc d'arbitrage ne laisse rien augurer de bon pour la Guadeloupe . Les autorités françaises et leurs alliés guadeloupéens conservateurs de l'ordre colonial continuent simplement ce qui a été fait depuis de nombreuses années en dépit de leur échec patent. Le discours entendus et la pratique observée sont l'illustration du maintien d'une assistance budgétaire que vient d'illustrer Victorin Lurel dans une récente intervention sur la défiscalisation et sur une probable augmentation du budget de son ministère ce qui selon lui est le signe d'une bonne politique économique et budgétaire . Rien ne va donc changer . Les mêmes discours relayés par une presse aux ordres vont donc continuer.
La rédaction : Votre inquiétude paraît particulièrement forte pour l'année 2014 ?
Jean paul Eluther : Oui, car notre situation devient de plus en plus critique. En effet, tous nos indicateurs économiques, financiers et sociaux sont au rouge durablement car structurels : déséquilibre entre la consommation et la production ; déséquilibre commercial avec des importations largement plus élevées que les exportations ; déséquilibre des finances publiques avec des dépenses nettement plus élevées que des produits fiscaux maintenus volontairement bas pour dynamiser un développement économique que personne ne voit venir ; inégalités sociales structurelles et multiplication des dysfonctionnements sociaux ( violence, drogue ...) . Rien ne va plus . Tout continue de fonctionner à l'envers et les dysfonctionnements sont habilement masqués par un discours politique laudateur . La raison principale de cette situation n'est pas la crise économique qui affecte l'économie et la société occidentale comme le martèle la presse et certains politiciens . Cette dernière en définitive touche peu la Guadeloupe . C'est au contraire la faillite d'un modèle économique , budgétaire et social que l'on nous impose depuis des lustres et qui est incapable de créer les conditions d'un développement économique, social et financier qui fait de la Guadeloupe un espace ou l'on produit de la richesse partagée équitablement entre tous les acteurs qui en est la cause principale . Pour les autorités coloniales et leurs alliés guadeloupéens au contraire, il faut tout faire pour intégrer la Guadeloupe à l'espace français et occidental. Au service de cette volonté, une manipulation permanente de notre peuple pour lui faire croire que le rattrapage de la France est le seul objectif existant . La politique budgétaire et plus généralement la loi des finances française est mobilisée pour atteindre ce résultat.
La rédaction : Que préconisez vous ?
Jean paul Eluther : Nous préconisons l'engagement de profondes réformes pour propulser la Guadeloupe vers une modernité maîtrisée. Notre réforme va se déployer dans deux directions : Tout d'abord une nouvelle politique économique qui vise à faire de la Guadeloupe un espace qui produit de la richesse au sein d'un ensemble régional latino américain et caribéen grâce au travail de tous ses acteurs et qui est réparti équitablement entre tous . Mais une production réelle et non pas comme aujourd'hui des services non marchands représentés pour l'essentiel par les salaires versés aux fonctionnaires . Ensuite , pour accompagner cette nouvelle politique économique , la dynamiser , une nouvelle politique budgétaire dont les objectifs sont à la fois de financer de services publics de qualité et de mettre un pourcentage élevé des ressources au service de la croissance économique . Nous préconisons aussi un nouveau cycle budgétaire de trois ans et non d'un an , la suppression du mille feuille politico- administratif français dans notre pays et son remplacement par une nouvelle organisation des pouvoirs publics guadeloupéens qui permette de rassembler l'ensemble de nos ressources. Ce n'est qu'à cette condition que nous optimiserons l'utilisation des ressources publiques. Voilà donc la vision des nationalistes pour faire de notre pays la Guadeloupe un lieu ou il fait bon vivre .
MERCI