Les déclarations de jean paul Eluther dans le quotidien en ligne LA NATION publié le lundi 18 mars:
LA RÉDACTION : Les débats organisés par les conservateurs de l'ordre colonial vous interpellent ?
JEAN PAUL ELUTHER : Les débats des conservateurs de gauche et de droite , socialistes et libéraux, sont d'une rare inconsistance et surtout pitoyables . Observer des femmes et des hommes s'échiner à rechercher le sexe des anges et surtout à nier les évidences nous interpelle . Car , en filigrane de tous ces débats , il y a bien entendu la nation guadeloupéenne qui dérange tous les conservateurs dont le but est par l'intégration à la France et l'annexion de notre pays de la faire disparaître . Heureusement , il n'y arriverons jamais car les nations ne disparaissent pas . Nous sommes une nation certes fragile car nous n'avons pas un état pour favoriser son développement . Nous avons un territoire que nous avons hérité des amérindiens lâchement assassinés par les français , une langue et une culture que l'on essaie par tous les moyens d'étouffer, une histoire exceptionnelle et une conscience de notre appartenance à un ensemble appelé guadeloupéen. Mais sa dynamique d'évolution est très forte . Par ailleurs , si des guadeloupéens veulent sa disparition , d'autres par contre militent avec passion pour son développement et ils sont convaincus qu'ils vont triompher.
LA RÉDACTION : Quel est selon vous la question fondamentale qui se pose aujourd'hui aux guadeloupéens ?
JEAN PAUL ELUTHER : La question qui en réalité se pose et que les conservateurs refusent est la récupération de notre souveraineté volée par la France qui fait tout avec ses alliés conservateurs pour convaincre la communauté des nations de la légitimité de leur annexion . Les conservateurs fuient obstinément cette question qui nous paraît fondamentale . Orienter les débats vers un mécanisme constitutionnel français qui nous range dans le chapitre consacré aux collectivités locales de la république française ( articles 73 et 74) est contraire au droit international de la décolonisation . En approuvant la charte des nations unies la France a intégré dans son ordre juridique le droit à la décolonisation ce qui lui impose d'organiser un référendum pour que le peuple guadeloupéen souverain puisse choisir son destin. Les dispositions constitutionnelles françaises relatives au droit international proclament l'attachement de la République française au respect du droit international .Le principe de supériorité du droit international sur la loi, est posé par la Constitution et il a pris son plein effet depuis que la jurisprudence en a déduit la supériorité des traités et du droit communautaire sur les lois même postérieures. C'est en récupérant notre souveraineté que nous créerons les conditions de notre bonheur et de notre épanouissement .