L'interview de JEAN PAUL ELUTHER transmis aux medias :
LE DRAME DE POINTE A PITRE ?
Avant toutes autres déclarations, je voudrais revenir sur la mort de sept de nos compatriotes à Pointe à Pitre. Ce drame n'est pas fortuit. Depuis plusieurs semaines à la barbe des policiers nationaux et municipaux des guerres de pétard se déroulaient entre des collégiens sur la place de la victoire notamment. Il n'y a eu aucune interpellation en raison du laissez aller des forces de sécurité. De toute évidence nous ne pouvons pas nous contenter de la mise en examen de quelques personnes. L'Etat et la Municipalité sont aussi responsables pour leur laxisme dans ce drame. Nous ferons tout pour que leur responsabilité soit engagée devant les tribunaux afin que de tels faits ne se produisent plus. Par ailleurs, nous constatons encore une fois que l'organisation de la sécurité dans notre pays la Guadeloupe n'est pas adaptée car elle prend exemple sur ce qui se passe dans d'autres parties de la France et ignore nos réalités. Pour administrer la sécurité il faut une nouvelle organisation. Nous sommes hostiles à l'existence de polices municipales et à une direction de la police qui échappe aux représentants du département et de la région les deux collectivités majeures de notre pays.
QUEL EST VOTRE SENTIMENT SUR 2007 ?
Rien de nouveau. La Guadeloupe a continué à naviguer dans le flou et l'ambiguïté. Les conservateurs socialistes et libéraux qui nous dirigent et nous représentent agissent en toute circonstances pour que la Guadeloupe soit intégrée à l'Europe et à la France ce qui va nous faire disparaître comme communauté nationale. Par exemple malgré les modestes pouvoirs d'autonomie prévus par la constitution et une loi organique, Département et Région ont continué à fonctionner comme des supplétifs du Gouvernement. Le discours courant de VICTORIN LUREL est le désengagement de l'Etat. La continuité territoriale est devenue le crédo des conservateurs. L'idée de changement de Sarkosy n'a pas dépassé les rives de la France. Dans le domaine économique, l'intégration est accompagnée du contrôle de nos activités économiques par des non guadeloupéens qui profitent des largesses de la législation française et européennes. Enfin dans le domaine social , les syndicats français s'appuyant sur les règles de la représentativité qui sont contraire au droit international du travail excluent nos syndicats de toute les discussions car dans un système centralisé il n'y a pas de place pour ceux qui refusent l'uniformité institutionnelle. La marginalisation de la Guadeloupe s'est en particulier illustrée lors du vote de la loi des finances, de la loi de financement de la sécurité sociale et de la signature du nouveau traité européen. Au cours de ces débats le propos de nos représentants fut à l'image de leur conservatisme : quelques modestes critiques mais l'acceptation du processus parlementaire lui aussi contraire au droit international. A cet égard nous dénonçons avec fermeté le silence sur l'Europe qui s'est emparée avec l'assentiment de la France de notre administration sans consultation directe de notre peuple comme le prévoit le droit international. La Guadeloupe est restée un pays colonisé et les méthodes de la colonisation sont devenues plus efficaces.
QUEL EST LA CAUSE DE CETTE SITUATION ?
L'absence du camp national et de la souveraineté est le grand facteur de cette décomposition de notre pays. L'unique alternative au conservatisme est le projet national. Quand les « souverainetistes » ne sont pas présents ou quand ils tentent de faire comme les autres les guadeloupéens sont marginalisés et l'intégration progresse. L'alternative nationale doit se renouveler pour exercer son rôle et conduire la Guadeloupe vers sa souveraineté. Nous militons pour la création d'un grand parti national et solidaire qui intègre toutes les sensibilités nationales autour d'un projet guadeloupéen.
QU'AFFIRMEZ VOUS SUR LE ROLE DE LA GUADELOUPE DANS SA REGION ET LE MONDE ?
En 2007, les pays de la Caraïbe ont signé en partie les accords de partenariat économique proposé pat l'Europe. De fait une zone économique intégrée a été crée comprenant la plupart des pays de la région. Nous restons hostile aux méthodes européennes qui pour nous sont un signe d'impérialisme et pour les guadeloupéens une négation de la démocratie. Il reste que notre objectif fondamental reste et restera la création dans la Grande Caraïbe d'un ensemble politique et économique qui favorise le développement de chacun de ses membres et protège contre tous les impérialismes. La Guadeloupe doit donc participer directement au processus en cours en adhérant directement à tous les organismes qui réalisent cet objectif.
VOS MOTS POUR LA FIN ?
La Guadeloupe se meurt de sa marginalisation. Tout lui est imposé et sa colonisation est encore plus forte. Nous sommes confiants malgré les difficultés dans les ressources de notre peuple. J'aimerais simplement lui dire en conclusion que c'est quand elle est guadeloupéenne qu'elle règle le mieux ses problèmes et améliore sa gestion.