UNE NOUVELLE PRESENTATION
Le budget 2006, présenté mercredi par Thierry Breton, marque une révolution. Ce projet de loi de finances est en effet le premier entièrement préparé conformément à la nouvelle architecture du budget de l'Etat, fixée par la loi organique du 1er août 2001. Cette loi organique relative aux lois de finances (LOLF), réforme l'ordonnance du 2 janvier 1959, en application depuis 45 ans. Principal changement: le budget de l'Etat n'est plus présenté par ministères mais sous la forme de 34 missions, 132 programmes et 614 actions. Il s'agit de donner une meilleure lisibilité au budget et de faciliter le contrôle du Parlement. Chaque mission correspond à une politique publique définie (action extérieure de l'Etat, sécurité, enseignement scolaire, solidarité et intégration...). Un programme regroupe les crédits destinés à un "ensemble cohérent d'actions" relevant d'un même ministère. Afin de responsabiliser les ministères, il est géré par un responsable de programme appartenant au ministère concerné et non plus à Bercy.Une action précise la destination de la dépense au sein du programme. L'objectif de la réforme est de maîtriser la dépense publique en introduisant une culture de résultats.Chaque programme budgétaire fera ainsi l'objet d'indicateurs de performance, avec un objectif chiffré à atteindre. La nouvelle présentation du budget par mission n'empêche pas les ministères de communiquer sur l'augmentation de leurs crédits.
PRESENTATION DU CONTENU .
Le Gouvernement français a présenté un projet de budget pour 2006 qui mise sur une accélération de la croissance économique et prévoit une réduction des déficits publics à 2,9% du produit intérieur brut (PIB). La dette publique atteindra 66% du PIB au lieu de 65,8% cette année, même si sa progression est ralentie, selon les évaluations du ministère de l'Economie.
Pour bâtir ce budget, le Gouvernement a retenu une hypothèse de croissance de 2% à 2,5%, des chiffres supérieurs aux prévisions de la plupart des économistes, qui tablent en moyenne sur une croissance de 1,8% l'an prochain.
Le gouvernement table également sur un euro en léger recul par rapport au dollar (1,23 dollar pour un euro en moyenne en 2006 contre 1,26 en 2005) et un baril de pétrole (Brent spot) stabilisé à 60 dollars en moyenne.
Le projet de loi de finances 2006 prévoit un déficit budgétaire de 46,8 milliards d'euros .Pour ramener les déficits publics à 2,9% du PIB contre 3% en 2005, seuil imposé par le pacte de stabilité européen, le gouvernement compte sur une montée en puissance de la réforme de l'assurance-maladie et un ralentissement d'"un point environ" de la progression des dépenses de santé, ainsi que sur une amélioration de la situation de l'emploi (donc une réduction des prestations chômage). L'Etat s'en tiendra à une croissance zéro en volume (taux d'inflation de 1,8% déduit) de ses dépenses, promet le ministère de l'Economie.
L'actualisation des prévisions de recettes pour 2005 conduit en effet à revoir à la baisse les recettes fiscales pour 2005 de deux milliards d'euros .Le taux de prélèvement obligatoire sera l'an prochain en légère hausse, de 0,1 point de PIB, à 44% au lieu de 43,9%. A structure constante, les dépenses de l'Etat pour 2006 s'élèveraient à 276,3 milliards d'euros hors allègements de charges (soit, effectivement, +1,8% par rapport à 2005).Dans la nouvelle architecture budgétaire, elles s'inscrivent en fait à 266,1 milliards d'euros (montant sur lequel le Parlement sera amené à voter) et les recettes totales nettes à 217,3 milliards.
En application de la loi organique sur les lois de finances, le projet de budget 2006 institue un compte spécial regroupant l'ensemble des recettes et des dépenses relatives aux pensions des agents civils et militaires de l'Etat. Dix milliards d'euros viennent ainsi en déduction des dépenses à structure constante, de même que 100 millions d'euros de transferts aux collectivités locales .En revanche, le solde des comptes spéciaux (nouveau compte spécial des pensions, compte de gestion de la dette et compte des prêts à des Etats étrangers) fait apparaître un excédent de deux milliards d'euros, qui vient en déduction du déficit du budget général de l'Etat.
DOTATIONS AUX COLLECTIVITES LOCALES.
Les principales informations à retenir sont les suivantes:
- le contrat de croissance et de solidarité, reconduit en 2006, progresse de 2,38%;
- l’enveloppe de la dotation globale de fonctionnement (DGF) atteint 38,11 milliards d’euros; elle augmente de 2,675%;
- la garantie maximale, décidée par le CFL lors de la répartition de la DGF, sera donc de 0,67%;
-La DSU (dotation de solidarité urbaine) progresse - comme prévu par la loi de cohésion sociale - de 120 millions d’euros et voit la création de deux strates (plus et moins de 10 000 habitants) pour son attribution. Les villes de plus de 200 000 habitants en bénéficieront pour la première fois.
-Par contre la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP) hors réduction pour création d’entreprises (RCE) chute de 9,48%. La baisse 2006 s’explique essentiellement par le recalage de la DGF et de la fin du règlement financier lié au contentieux «Pantin» (intégration des rôles supplémentaires de taxe professionnelle pour le calcul des compensations de l’abattement de 16%).
Télécharger le discours de Brice Hortefeux Ministre délégué aux collectivités territoriales devant le Comité des finances locales .
CHIFFRES CLES DU BUDGET 2006.
PREVISIONS ECONOMIQUES
- croissance dans l'OCDE: 2,5%.
- croissance dans la zone euro: 1,9%.
-croissance en France: 2 à 2,5%.
- prix du baril de pétrole (brent): 60 dollars.
- cours euro-dollar: 1,23 dollar pour un euro.
- pouvoir d'achat des ménages: +2% .
-consommation des ménages: +2,3%.
- investissement des entreprises: +4,3%.
- exportations: +5%.
- importations: +5,6%.
-hausse des prix: 1,8%.
- déficit de la balance commerciale: 35 milliards d'euros.
-déficit des administrations publiques: 2,9% du PIB.
RECETTES NETTES: 217,328 milliards d'euros dont :
- impôt sur le revenu: 57,48 milliards .
-impôt sur les sociétés: 41,47 milliards.
-taxe intérieure sur les produits pétroliers: 19,37 milliards.
- taxe sur la valeur ajoutée: 125,78 milliards.
DEPENSES: 266,08 milliards d'euros dont :
- intérêts de la dette: 39,45 milliards.
- dépenses de personnel: 118,2 milliards.
-dépenses de fonctionnement: 32,08 milliards.
- dépenses d'investissement: 13,58 milliards.
-dépenses d'intervention: 61,65 milliards.
DEFICIT: 46,804 milliards d'euros.
LA FISCALITE.
Le volet recettes de la loi de finances se distingue surtout par une importante réforme fiscale concernant les particuliers: simplification et allègement de l'impôt sur le revenu, plafonnement partiel des "niches" fiscales, instauration d'un plafond pour les impôts directs. Une grande partie de ces mesures ne seront effectives qu'en 2007.
Pour les particuliers:
- Refonte du barème de l'impôt sur le revenu. Les revenus de 2006, déclarés en 2007, seront soumis à un barème largement simplifié. Le nombre des tranches passera de 7 à 5. L'abattement de 20% actuellement pratiqué sur les salaires sera supprimé. En conséquence, les taux d'imposition seront mécaniquement réduits. Les nouveaux taux d'imposition seront de 5,5%, 14%, 30% et 40%.
-Refonte de la Prime pour l'emploi. La PPE va voir ses montants majorés de 50% en deux ans. Son versement sera effectué sous forme de virements mensuels à partir de janvier 2006.
- Plafonnement des avantages fiscaux. L'avantage en impôt procuré par les nombreuses niches" fiscales (déductions pour emploi d'un salarié à domicile, frais de garde d'enfants, achat d'équipement d'économie d'énergie, certains types d'investissement, etc...) sera limité à l'avenir. Il ne pourra plus dépasser une somme de 8.000 euros par foyer fiscal, plus 750 euros par enfant à charge.De nombreuses "niches" échapperont malgré tout à ce plafonnement: il en va ainsi des dispositifs qui "visent à prendre en compte une situation subie par le contribuable" (réduction pour frais de scolarité, demi-part pour personne seule avec enfant à charge...), ainsi que "tous les dispositifs afférents aux revenus professionnels" (crédit d'impôt/prime pour l'emploi, investissement dans les technologies de l'information, investissements en Corse, etc...). Les dons aux oeuvres sont également exclus du plafonnement.
- Mise en place d'un bouclier fiscal" Le gouvernement prévoit qu'aucun contribuable ne devra payer plus de 60% de son revenu en impôts directs, c'est à dire le total impôt sur le revenu, impôt sur la fortune et impôts locaux.
- Dispositions pour encourager la mobilité géographique. Au moment où le gouvernement instaure un plafond pour les niches fiscales il en crée ou augmente plusieurs. Ainsi, un chômeur qui se déplace de plus de 200 km pour retrouver un travail bénéficiera d'un crédit d'impôt de 1.500 euros, tandis que le revenu foncier tiré de la mise en location de sa résidence principale bénéficiera d'un abattement. Simultanément, le crédit d'impôt pour garde d'enfants en dehors du domicile sera porté de 25 à 50% des frais engagés (dans la limite de 2.300 euros par an et par enfant).
-Encouragement des donations. Les donations effectuées en franchise de droits aux enfants seront désormais possibles tous les six ans, et non plus tous les dix ans. Un abattement de 5.000 euros est créé pour les donations effectuées au profit de neveux et nièces, et pour toutes les transmissions entre frères et soeurs.
- Financement des études. Les étudiants bénéficieront d'un crédit d'impôt sur le revenu sur les cinq premières annuités de leurs prêts étudiants.
- Dispositions pour lutter contre l'impact des prix du pétrole. Un certain nombre de mesures devraient permettre d'aider les particuliers à faire face à la flambée des prix pétroliers. Il en va ainsi, entre autres, des crédits d'impôts pour l'achat de voitures propres et de la création d'une taxe payable lors de la délivrance des cartes grises, dont le montant sera fonction du niveau d'émission de CO2 du véhicule. Le crédit d'impôt pour l'équipement de la maison en matériel économisant l'énergie sera fortement rehaussé.
-Relations entre le contribuable et l'administration Les taux d'intérêt de retard dû par le particulier à l'Etat et par l'Etat au particulier, jusqu'ici très éloignés à l'avantage de l'Etat, vont être alignés au niveau de 4,80% par an.
Pour les entreprises:
-Plafonnement de la taxe professionnelle. Les entreprises ne pourront plus payer au titre de cette taxe plus de 3,5% de leur valeur ajoutée. Allègement fiscal en faveur de l'investissement.
-Le dégrèvement pour investissements nouveaux va être aménagé : il deviendra total la première année d'investissement, il sera des deux tiers l'année suivante et d'un tiers la troisième année.
DEPENSES.
Le gouvernement présente des dépenses budgétaires stables par rapport à l'an passé. Les postes privilégiés concernent les allègements de charges, l'emploi, la sécurité ou encore la recherche. Les dépenses budgétaires 2006 s'établiront à 276,3 milliards d'euros et ne varieront quasiment pas en volume par rapport à cette année.
- L'emploi. La loi de cohésion sociale de janvier dernier va être mise en place avec l'arrivée des nouveaux contrats d'avenir et des contrats d'insertion, avec le revenu minimum d'activité (RMA). Le programme d'"accès et de retour à l'emploi" comprend un enveloppe budgétaire de 3,44 milliards d'euros. Elle devra permettre le financement de 200.000 contrats d'avenir et 120.000 contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE). Les allègements de charges. Le projet de loi de finances pour 2006 prévoit une enveloppe supplémentaire de 800 millions d'euros destinés à des nouvelles mesures d'allègements de charges. La prime pour l'emploi (PPE) sera renforcé de 500 millions d'euros en 2006 et également en 2007.
- Les mesures en faveur des transmissions anticipées de patrimoine ainsi que des donations familiales seront dotées d'un budget supplémentaire de 80 millions d'euros.
-Les allègements de charges pour les entreprises comprennent également des nouvelles mesures dont les dépenses se répartissent entre: l'exonération de la taxe sur le foncier non bâti pour les exploitants agricoles. Ce poste disposera de 140 millions d'euros de dépenses dans le budget 2006.
-Le crédit d'impôt recherche sera aménagé et bénéficiera de 40 millions d'euros de budget supplémentaire. Ces mesures d'allègements de charges (800 millions d'euros) seront financées par des harmonisations et des simplifications fiscales dont l'impact se chiffrera à un milliard d'euros.
- Le budget 2006 comprend également les dépenses de la mise en application de mesures votées précédemment et qui coûteront 3,8 milliards d'euros se décomposant entre: 1,3 milliard d'euros pour l'exonération de la taxe professionnelle pour les investisseurs nouveaux;500 millions d'euros pour la deuxième phase de la suppression de la majoration de 3% de l'impôt sur les sociétés;500 millions d'euros pour financer le crédit d'impôt destiné à la première accession à la propriété; 400 millions d'euros pour l'augmentation des abattements pour les successions. -200 millions d'euros destiné au crédit d'impôt pour les prêts à la consommation;les allègements de charges profiteront aussi au secteur des services à la personne. Il bénéficiera notamment d'une exonération totale de cotisation patronales pour les entreprises et associations agréées.
- Le gouvernement entend également renforcer sa politique en matière de sécurité. Une enveloppe globale supplémentaire de 1,6 milliards d'euros sera mise consacrée aux budgets de la Défense, de la Justice et de l'Intérieur. Le ministère de l'intérieur disposera d'un budget de 14,67 milliards d'euros, en hausse de 8,7% par rapport à 2005 après une hausse de 2,2% l'an dernier. Sur cette enveloppe globale, la police nationale bénéficiera de 55% du budget de la sécurité, soit environ 8 milliards d'euros. Le solde (45%) sera destiné à la gendarmerie nationale, soit environ 6,7 milliards d'euros. Le budget prévoit également 3.300 recrutements dans les deux corps.
- Le projet de loi de finances 2006 consacre également un milliard d'euros à la recherche et à l'enseignement supérieur. Il comprend aussi la poursuite de la mise en place de l'Agence pour l'innovation industrielle (AII).
- Enfin, le gouvernement va consacrer 1,5 milliard d'euros aux grands projets d'infrastructures dans les transports par le biais de l'Agence de financement ds infrastructures de transports de France (AFITF). Celle-ci recevra par ailleurs 4 milliards d'euros de la part de l'Etat à l'occasion de la privatisation des autoroutes.
COMMUNIQUE DE PRESSE DE LA CONVENTION POUR UNE GUADELOUPE NOUVELLE.
Le projet de budget que vient d'adopter le Conseil des ministres est injuste , dangereux et ne vas pas assurer la croissance économique dont a besoin la Guadeloupe pour augmenter son bien être .
INJUSTE . Aucune disposition n'a été arrêtée pour supprimer les énormes inégalités de revenus qui minent notre pays .Au contraire la réforme de l'impôt sur le revenu va diminuer l'imposition des personnes riches .Nous dénonçons de ce point de vue le maintien de l'abattement de 30% spécifique aux DOM et les exonérations liées à la defiscalisation qui enrichissent les plus riches et notamment les 274 personnes qui payent l'impôt sur la fortune .Toutes ces exonérations fragilisent la protection sociale , creusent le déficit et l'endettement qui sont payés par les ménages modestes par l'entremise de la TVA et des taxes indirectes .
DANGEREUX. Les dotations allouées aux collectivités locales qui du fait de la décentralisation exercent un rôle très important dans la satisfaction des administrés est encore une fois insuffisante .Les augmentations des dotation prévues sont très en deça de l'inflation qui tourne autour de 3,6% contre 1,8% dans les autres parties de la République .Nos collectivités locales auront bien du mal à faire face à leurs responsabilités .
INSUFFISANT POUR DOPER ET EQUILIBRER LA CROISSANCE ECONOMIQUE . Le maintien d'une défiscalisation qui favorise la spéculation et l'enrichissement des plus riches , la multiplication d'exonérations de charges sociales sans contreparties des entreprises , l'institutionalisation de nombreux contrats aidés à durée déterminée qui consolide la précarité des jeunes , la chasse aux chômeurs et l'absence de protection de notre économie continuerons à favoriser la dépendance économique et financière, l'appropriation des entreprises par des acteurs externes et un chômage élevé .
Une nouvelle politique budgétaire s'impose pour engager la Guadeloupe dans la voie d'un développement solide et créateur d'emplois stables et bien rémunérés .