A six jours du référendum sur la Constitution, l'Europe offre un visage de difficultés et de crises en devenir que tentent de masquer le Gouvernement et ses alliés socialistes ( voir l'étude sur l 'Europe_désenchantée que nous vous conseillons de lire ) :
La chute annoncée du Gouvernement Schröder.
Gerhardt Schröder a été battu dimanche dans un bastion social-démocrate, la Rhénanie-Westphalie, à l'occasion d'un scrutin régional, où le SPD n'a recueilli que 37% des suffrages, contre 43% lors des législatives de 2002, et près de 45% à la CDU. Du coup, le chancelier allemand, dont les réformes ont du mal à passer dans un pays qui compte près de 5 millions de chômeurs, est le chef d'un gouvernement en sursis qui n'a plus guère de poids politique, ni pour soutenir le " oui " en France, ni pour négocier, au nom de l'Allemagne, le budget de l'Union actuellement en cours de discussions.
Le budget de l' UE ou l'impossible équation .
L'annonce de législatives anticipées en Allemagne a fait l'effet d'une bombe pour le Luxembourg, à qui incombe la lourde charge de boucler le budget de l'Union pour la période 2007-2013. Un accord lors du sommet européen des 16 et 17 juin reste possible, mais après les discussions de dimanche entre les ministres des affaires étrangères des Vingt-Cinq, qui doivent se réunir de nouveau le 13 juin, une telle perspective s'est quelque peu éloignée. Un groupe de six pays contributeurs nets - c'est à dire qui donnent plus d'argent qu'ils n'en reçoivent - mené par la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, refuse que les dépenses communautaires dépassent 1% du PIB. De plus, Londres s'accroche bec et ongles à son " rabais ", obtenu de haute lutte en 1984, mais que la présidence luxembourgeoise propose de réduire progressivement, et pour lequel elle est prête à user de son droit de veto. Et la Commission européenne, de son côté, fait pression pour que le compromis proposé par Luxembourg soit plus " ambitieux ". Son président, José Manuel Barroso, a prévenu que la proposition mise sur la table par le Grand-Duché, si elle était adoptée, amènerait immanquablement à l'abandon de plusieurs programmes européens, dans la recherche, l'éducation, les transports et l'aide au développement.
Des déficits toujours plus nombreux.
La limite de déficit imposée par le pacte de stabilité, socle de l'euro est de plus en plus abstrait. Fixée à 3% du PIB dans sa version initiale comme dans sa version réformée, elle n'est plus respectée par grand-monde. La dernière illustration en date, et la plus spectaculaire, est venue lundi du Portugal. Dans un rapport élaboré pour la Banque centrale locale, Lisbonne a en effet admis que son déficit public atteindrait … 6,83% cette année ! Lundi toujours, Bruxelles a annoncé qu'une procédure pour déficit excessif sera lancée contre l'Italie, probablement le 7 juin prochain, après qu'Eurostat a réévalué à 3,1% le déficit de Rome pour 2003 comme pour 2004. La France et l'Allemagne, qui ont prévu de respecter ce critère cette année, mais qui affrontent une conjoncture plus difficile que prévu, risquent fort de percer aussi le plafond pour la … quatrième année consécutive. Les trois plus importantes économies de la zone euro risquent ainsi de ne pas respecter le pacte de stabilité cette année. C'est un coup porté à l'euro.
De toute évidence ce traité doit être renégocié .