Dès l'annonce au mois de juillet de la réforme de l'OCM sucre , nous avions mis en garde contre les dangers qu'elle recèle pour notre pays . Cependant , il a fallu attendre le mois d'octobre pour que la majorité conservatrice qui dirige les affaires locales signe un mémorandum démagogique pour faire croire que le sucre sera sauvé . Nos compatriotes constatent encore une fois que cette majorité se préoccupe fort peu de nos affaires collectives et préfère promouvoir des carrières.
Ce mémorandum est particulièrement inadapté à la situation actuelle . Il ne s'attaque pas à la cause du mal se contentant simplement de généralités et de voeux pieux et propose des solutions qui ne tiennent pas compte du rapport de force au sein de l'Union européenne. Les difficultés de l'économie sucrière sont la conséquence directe de notre statut au sein de l'Europe . Les politiques libérales des Autorités de Bruxelles déstructurent depuis longtemps notre appareil productif . Ces dernières ne font que subventionner ses dégats tout en faisant croire que sans l'Europe il n'y a plus de financement pour nos actions. Il faut rappeler que la France et la Guadeloupe sont des contributeurs nets pour le financement de l'Union Européenne . En réalité le statut de région ultrapériphérique inclus dans le projet de Constitution Européenne est insuffisant pour nous protéger contre les effets du libéralisme. De plus , l'étendue de son champ dépend du bon vouloir des Autorités Européennes qui peuvent quand elles le veulent la modifier . Ce fut le cas récemment avec l'octroi de mer dont toute la dimension protectrice a été supprimée avec l'assentiment de quelques chefs d'entreprises . C'est actuellement le cas avec la réforme de l'OCM sucre et de l'OCM bananes . A cet égard , ce ne sont pas les alliances bricolées rapidement qui constitueront une protection. Comme nous l'avions fait remarquer au mois de juillet la situation est d'autant plus grave que dans le cadre de sa politique planétaire l'EUROPE est appelée à négocier avec d'autres pays qui lui demandent notamment quand ils sont sous- développés des facilités pour l'écoulement de leurs productions. Par exemple , le MERCOSUR qui comprend le Brésil a proposé dans des négociations en cours d'exporter plus de sucre en Europe. Compte tenu de la modestie de nos intérêts au regard des affaires mondiales, les autorités Européennes arbitrent le plus souvent contre nous . Ce fut déjà le cas avec les accords de LOME qui nous interdissent pratiquement de vendre dans la Caraïbe . De plus , la FRANCE n'a plus les moyens de nous défendre dans une Europe élargie comme vient de le montrer la composition de la nouvelle Commission Européenne .
Pour sauver la culture de la canne à sucre et donc l'économie sucrière dont notre pays a besoin , il est indispensable de ne pas appliquer le droit commun européen qui nous étouffe et d'éviter les politiques libérales . Un autre statut est donc nécessaire . Nous dénonçons le silence de ce mémorandum sur cette question fondamentale . Sans une large autonomie politique et un statut durablement protecteur en Europe notre pays ira de désillusions en désillusions.
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